Spéléologie sur SulawesiIndonésie

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SAWIDAY
La petite rivière souterraine de Sawiday relève de certaines particularités qui sont en contradiction avec les observations réalisées dans les autres cavités, en particulier avec le réseau de Tagembe, distant d’à peine deux cents mètres.
Description :
L’entrée se situe dans le fond d’une petite dépression, contre la paroi Nord de celle-ci. Elle ressemble à un gigantesque terrier. Les parois sont instables, et un bananier permet de fixer une corde qui sera nécessaire pour descendre le petit puits d’entrée.
En prêtant l’oreille au fond de la doline, on discerne très nettement le roulis d’une petite rivière. Ce petit puits d’effondrement nous dépose directement sur le sommet d’une trémie, le long de la paroi Sud d’une salle aux dimensions respectables. En contrebas, un ruisseau serpente autour des blocs.
Il existe donc deux cheminements, vers l’amont, et vers l’aval de la petite rivière.
L’aval semble disparaître dans les blocs, nous optons donc en premier lieu pour la branche Est, l’amont du réseau.
D’énormes blocs se sont détachés du plafond. À quelques dizaines de mètres à peine, l’eau sourd d’une voûte-mouillante de trois mètres de large pour seulement vingt centimètres de profondeur. La revanche d’air, quant à elle, n’excède pas deux centimètres et ne permet pas le passage. À la lueur d’une lampe électrique, il apparaît que le plafond se relève, deux mètres plus en amont.Nous rebroussons chemin sur quelques mètres pour trouver un conduit supérieur et fossile. Il est creusé au sommet de la salle, à la faveur d’un joint de stratification. Cette courte galerie fossile est remplie d’un dépôt de terre recouvert de guano. La petite galerie laisse bientôt place à un étroit boyau. L’exiguïté des lieux ne nous incite pas à poursuivre par cette voie. Absence de mouvement d’air. Nous retournons voir la voûte-mouillante.Le fond de celle-ci est remplie de gravillons. Nous essayons de baisser le niveau d’eau en surcreusant les rapides qui se développent en aval. Ce travail effectué avec succès nous livre la suite du réseau.La physionomie de celui-ci change du tout au tout. La rivière chemine désormais au fond d’un méandre de 1,5 mètre de large pour 4 mètres de hauteur. De belles coupoles d’érosion sont les témoins d’un creusement intense de la fracture Nord-Sud, qui est à l’origine de ce méandre.
Le réseau post voûte-mouillante, décrit un Z, et derrière sa dernière courbe, le ruisseau reprend sa direction initiale, plein Est.
La galerie est maintenant de physionomie similaire à la zone d’entrée. Bientôt, un plancher stalacmitique surplombe l’actif. Il provient d’un ancien écoulement qui ruisselait rive droite. Il s’écoulait le long de plusieurs cheminées remontantes, qui sont désormais colmatées par un humus de surface. Ces dépôts attestent que lors des mises en charge, le ruisseau ne parvient pas à nettoyer cette zone, située donc plus haut que lors de son niveau maximum.
Nous sommes maintenant face à deux actifs. Les deux semblent offrir un bon cheminement.
L’affluent :
C’est le ruisseau qui débouche en rive gauche. À l’origine de cette galerie, on observe très nettement une fracture. En remontant vers l’amont, de gros remplissages de calcite démontre un débit désormais amoindri. Nous nous arrêtons devant une étroiture, face à une galerie de 3 x 3 mètres. Un marteau aurait suffi à ouvrir le passage.
Le collecteur :
La galerie reprend vite des dimensions étonnantes, avec 25 mètres de largeur pour 15 de hauteur. C’est une nouvelle salle d’effondrement où les blocs de schistes font de nouveau leur apparition.L’eau sourd de dessous les blocs, mais le passage y est impossible. Une désobstruction un peu plus en hauteur, dans la salle, nous ouvre un passage. Malheureusement, les schistes auront raison de notre obstination, et nous restons impuissants devant le gros filtre que représente cette nouvelle trémie instable.
Hydrogéologie :
Le débit du collecteur de Sawiday, avoisinait lors de notre passage, les 80 litres par seconde, toujours en période d’étiage.
Le petit affluent, quant à lui, ne contribue que misérablement, avec 0,2 litre par seconde.
Les prises de température apportent des informations supplémentaires pas des moins intéressantes. Le collecteur s’écoule à 23°C, tandis que l’affluent est à une température de 24°C. Nous en déduisons donc que l’affluent provient d’une perte qui doit se trouver non loin du terminus actuel.
Le bassin d’alimentation est difficilement déterminable. Il est compris entre la rivière souterraine de Katoda, en amont, et celle de Tagembe en aval. Il ne doit pas excéder quelques petits kilomètres carrés, et draine les collines se trouvant au Nord de Sawidago. De nombreux avens subsistent dans ce secteur, qui permettraient de mieux cerner ce complexe hydrologique.
Conclusion :
Le phénomène de Sawiday est surprenant sur deux principaux points :Contrairement à l’intégralité des autres réseaux du secteur, qui se présentent selon un axe Sud/Nord, il se dirige lui direction plein Ouest.Le réseau étudié se situe à cent mètres à peine de l’extrême amont de Tagembe, et pourtant, le débit de Tagembe est trois fois supérieur à celui de Sawiday.

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