Spéléologie sur SulawesiIndonésie

Menu

TUA MALANKE
Alt : 150 mètresDév : 1421 mètres
La grotte de Tua Malanke fut certainement la plus surprenante des découvertes. Tout d’abord, par son développement inespéré puis par la dimension de ses conduits. Sans oublier qu’il s’agissait d’une découverte faite en dehors des dates de l’expédition où nous n’étions plus censés faire de spéléo…
L’entrée de la dite grotte se situe environ cent trente mètres au dessus du village de Tombiano, à deux kilomètres au sud de celui-ci. En bordure d’un vallon bien prononcé, les dimensions du porche d’entrée sont de 6 mètres de large pour une hauteur de plus de 15 mètres. Le volume de cette salle d’effondrement est des plus surprenant. En forme d’œuf, elle livre accès à deux branches.
A)– La branche nord :
C’est une énorme galerie fossile qui se développe au bénéfice d’une faille. Le sol est recouvert d’un dépôt de terre. Le plafond est entièrement plat et plusieurs failles de décompression perpendiculaires recoupent la galerie. Certaines d’entre elles sont de superbes miroirs de failles gravés par le glissement des dalles l’une contre l’autre. Cette énorme galerie est le lieu privilégié de plusieurs centaines de chauves-souris. Un rétrécissement ponctuel du conduit accentue la vitesse du courant d’air qui souffle puissamment sur nos flammes. La galerie reprend ses dimensions initiales alors que débouche une galerie rive droite, au fond de laquelle un lit de ruisseau à sec se tortille. Les joints de strates sont horizontaux avec un pendage nul. La galerie poursuit sa quête vers la lumière et y parvient une centaine de mètres plus loin. Le sol de la galerie forme un entonnoir au pied du porche, profond d’une douzaine de mètres. Une galerie sous-jacente disparaît rive gauche. Pour des raisons que j’ignore encore aujourd’hui, nous ne l’avons pas explorée, et ce malgré ses 15 mètres de large et ses 4 mètres de haut ! Cette galerie descendante est certainement un soutirage de la rivière maintenant asséchée de Tua Malanke. Il y a peu de chance qu’elle offre un développement intéressant, sauf si celle-ci changeait rapidement de direction…
B)– L’affluent rive droite :
La morphologie est ici bien différente. Il faut dire que la rivière a surcreusé le socle sur lequel elle aurait dû simplement s’écouler. En conduite forcée, les parois sont très déchiquetées et une multitude d’animaux marins sont incrustés dans les parois et le plafond. Le vol des chauves-souris est incessant et un puissant courant d’air nous attire vers l’amont. Nous stoppons notre progression devant une galerie surbaissée ; 50 centimètres de haut.
C)– La branche sud :
Derrière un énorme bloc se dissimule la branche amont de Tua Malanke. Après être descendu le long de l’éboulis de la salle d’entrée, nous voici à nouveau dans une galerie de dimensions honorables. Quelques petites galeries transversales et un miroir de faille, rejoignent le cours inférieur du ruisseau.Le côté est de la galerie est surcreusé de plusieurs mètres et il y coule un petit ruisselet. La galerie prend le chemin d’une énorme faille, avec des lignes droites de près de 80 mètres. Les parois sont hautes de plus de 20 mètres et quelques remplissages de graviers hétérogènes forment de petites plages. Une salle d’effondrement au pied d’un petit puits remontant donne quelques difficultés quant à son franchissement. Alors que le pendage s’incline vers l’amont, la faille dans laquelle nous nous trouvons perd de sa verticalité. Le plafond s’abaisse progressivement et bientôt la galerie n’est plus qu’une étroite voûte mouillante. Pas du tout de courant d’air et une gêne respiratoire ne nous permet pas d’espérer une suite dans cette branche.
D)– L’aval de la rivière :
Une centaine de mètres avant le porche d’entrée, le ruisseau quitte la galerie principale puis se perd dans le fond de celle-ci. Cependant, il est possible de suivre son cours sur environ cent cinquante mètres. La galerie reprend des allures de conduite forcée à travers les calcaires coralliens. On retrouve les mêmes traces de coquillages que dans l’affluent de la branche nord. Les remplissages sont omniprésents et nous butons sur un passage bas d’environ 50 centimètres. Le courant d’air soufflant a cet endroit, démontre avec une quasi certitude qu’il s’agît là de l’amont de l’affluent. D’après la topographie, il ne nous manquait que 40 mètres de son cheminement.

Hydrogéologie :
Il m’est malheureusement très difficile de cerner le bassin versant de cette cavité en l’absence de détails géologiques. Les tailles de galeries semblent indiquer qu’il y ait eu un gros niveau d’eau. Durant une seconde période, la galerie a du fonctionner en régime noyé, permettant ces dépôts terreux sur son lit. Une troisième période, l’actuelle, avec un débit faible à modéré, a surcreusé les remplissages.La montagne sur laquelle se situe le gouffre, continue sa montée en altitude jusqu’au sommet, distant de près de 40 kilomètres et culminant à 2583 mètres, sur le gunung Kayoga. La géologie du terrain donne une même inclinaison que celle de la couche de calcaire corallien. La résurgence du gouffre quant à elle, devrait se trouver à une centaine de mètres de la côte et l’eau sortirait au travers du sable jaune qui se trouve une quinzaine de mètres sous la surface de la mer. (ref. Récit des autochtones).
Petite remarque relative à cette zone. Il faut imaginer ce massif sous la mer pour mieux le comprendre. Ici, rien n’est évident, tout est surprenant, je m’explique :Pensez aux montagnes sous la mer. Elles sont formées comme sur terre de sommets, collines et vallées. Mais elles ne sont pas calcaires ! Un énorme fleuve a précipité pendant des milliers d’années ses alluvions qui se sont déposées dans les combes et autres dépressions. Les calcaires une fois formés, la surrection du massif les a fait émerger ! C’est pour cette raison, que des petits karsts sont posés tels des galettes éparpillées sur le massif.
Vie animale :Aucune diversité dans cet immense réseau. Uniquement des milliers de chauves-souris à l’envergure conséquente (50 centimètres).
Conclusion :Ce réseau offre de grandes perspectives sur un massif aussi inconnu que gigantesque. Nous repartirons certainement dans cette zone où de nombreuses autres entrées nous ont été indiquées. L’avenir nous permettrait de mieux évaluer et apprécier à sa juste valeur l’étendue hydrogéologique de ce domaine, où même sur les cartes d’aviation, on peut apercevoir des rivières aux allures de fleuves disparaissant étrangement pour réapparaître quelques kilomètres plus loin, voir quelques dizaines de kilomètres !
Historique :Découvert et topographié durant l’expédition « Selamat datang 96 », Cathy Caullier, Olivier Courtois.

Facebook Instagram